Communisme et révolution

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de la monnaie aux institutions absolument démocratiques

Vincent Pinel

sept. 25, 2024

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Selon notre habitude, nous nous efforcerons d’articuler conjoncture, théorie et proposition communiste. Nous partirons donc de la situation économique et politique révoltante pour arriver à la description des institutions politiques auxquelles sont adossées la circulation monétaire décrite dans les billets précédents.

La partie qui sert de transition (de la monnaie aux institutions politiques), examine la monnaie comme institution économique. Nous essayons de montrer en quoi la forme que nous avons élaborée enveloppe une tendance à la débureaucratisation. Cette question est absolument névralgique pour toute proposition communiste qui tient à ne pas échouer. Afin de ne plus jamais reproduire le destin funeste des socialismes réels nous sommes requis de tenir compte des découvertes de la science sociale, notamment critique, à l’égard de cette question, et plus généralement être dans un soucis constant de conjuration des effets de capture.

Nous déclinerons cette même exigence dans l’élaboration proprement politique annoncée dans le titre, en mobilisant deux concepts centraux de la pensée de Spinoza tels qu’actualisés ou dégagés par les travaux de Frédéric Lordon, à savoir la question du déterminisme en sciences sociales, et la qualité mésomorphe de la matière institutionnelle.

C’est sans doute un peu barabare envers le lecteur de l’assommer ainsi avec des pensums théoricistes dans des billets de blog — et encore la description du dispositif général est présentée de manière assez simplifiée par rapport au livre — mais nos manières sont difficiles à changer : quand nous sommes très convaincu d’une chose, il nous est difficile de dissimuler nos raisons. Et le résultat est si étonnant que nous gageons que si aucun argumentaire n’avait été fourni, on ne nous aurait pas suivi.

TINA but faire autre chose


Le putsch démocratique continue. Pendant ce temps, économiquement, et selon les critères-mêmes que se donnent les desservants de ce système, c’est la Bérézina. Stabilisation des prix sans baisse de l’inflation1 (notamment alimentaire), menace de ralentissement du cycle économique mondial (visible avec la baisse des prix en Chine d’une durée historique2), avec propagation quasi immédiate sur les conjonctures politiques allemande, américaine3 et française (au moins) où les néofascistes ont le vent en poupe. Baisse de la production industrielle en France4, explosion des déficits publics5 (à nouveau, nous leur opposons leurs propres critères, ce ne sont pas les nôtres), marché boursier qui pompe sans cesse plus les entreprises avec ses exigences de buybacks (rachats d’actions) et de dividendes6, aides publiques aux entreprises qui explosent pour atteindre 30 % du budget de l’État7. Pauvreté, le secours populaire alerte : un parent sur trois se prive de manger pour nourrir ses enfants8, 62 % des Français disent connaître ou avoir connu la pauvreté9.

Ministres qui cachent (pour essayer de ne pas aggraver la déroute électorale du parti présidentiel) des documents de cadrage budgétaire à la commission des finances de l’Assemblée10 alors que la constitution est censée leur en garantir l’accès.

Mais elle garantit quoi au fait la constitution ?

Ne comptons pas sur la droite du PS pour la défense des libertés publiques11, pour eux, la constitution, à la fin, c’est pour y inscrire la déchéance de nationalité afin de rassurer son électorat bourgeois vieillissant.

Et puis ce désastre absolu qui continue à Gaza, en Cisjordanie, au Liban12. Karim Khan, procureur de la CPI, à la limite du burn-out devant l’impossibilité d’émettre les mandats d’arrêt13 contre les dirigeants du Hamas et d’Israël et la décrédibilisation du « droit international » qui en découle – il a voué sa vie à ça, la défense du droit international, normal qu’il déprime un peu. Poverino !

Mais surtout, le spectacle quotidien des corps d’enfants déchiquetés ou le crâne béant, la cervelle qui en déborde. Il y a les morts, mais aussi les mutilés. Les amputés sans anesthésie. Un médecin de retour d’une mission sur place témoigne n’avoir jamais vu autant de personnes, d’enfants même, à qui il manquait une partie de leur corps. Puis les maladies, la famine (utilisée délibérément pas Israël comme arme contre la population), le manque d’eau (idem), l’absence de soin, d’école, d’université, la destruction des lieux de cultes (certains d’une grande valeur historique). Toutes les destructions physiques, morales, culturelles, qui découlent d’une entreprise de purification ethnique, d’une entreprise génocidaire. Avec vos impôts, sous vos applaudissement. Si le néologisme de selfinocide14 promu par Daniel Schneidermann (et Arrêt sur image, remarquables dans la couverture de ces évènements) n’avait l’inconvénient d’affadir celui de génocide, nous y aurions recours aussi. En tout cas, génocide en direct, sous nos yeux. Et rien.

Des attentats au Liban avec des téléphones portables piégés par Tsahal ? Toujours rien.

Le droit international, on en aurait bien besoin pour être plus crédibles pour répondre à la guerre menée par la Russie de Poutine contre l’Ukraine. Avec ce conflit qui s’enlise, on réinvente 14-18, un beau progrès pour l’humanité.

Malheureusement, même sans compter sa déroute morale au Proche-Orient, notre fameux « Occident » n’avait pas les mains bien propres dans ce qui s’est passé en Ukraine15 depuis l’Euromaïdan, sans parler du soutien trouble de personnes comme Raphaël Glucksmann à la « révolution » elle-même16. Un autre17 qui galvaude le mot de révolution, avec Macron. La différence morale entre le conflit russo-ukrainien et Gaza, c’est que là on peut parler de guerre. Avec l’« aide » – une licence aux marchands de canons – occidentale, il y a un semblant de symétrie. Beaucoup de gens meurent, mais ça n’est pas un génocide. On restera pudique sur l’hospitalité envers les Ukrainiens en fuite, très différenciée selon les pays d’Europe : pas cocorico.

Il y a des malheurs ailleurs dans le monde – qu’on ne nous reproche pas de ne pas en parler – et la « communauté internationale » pourrait largement mieux y remédier. Encore faudrait-il qu’elle – ou du moins sa partie la plus forte – ne soit occupée à encourager la purification ethnique des Palestiniens. Remédier : évidemment se méfier de l’interventionnisme décidé à la va vite pour préférer la diplomatie précentive et la réciprocité économique.

Si on ne vous a pas convaincu qu’il fallait tout refaire, alors votez François Hollande dans l’espérance de sa résurrection. Libé et Inter intercèdent déjà pour lui. En attendant, nous terminons de présenter notre proposition institutionnelle (communiste, c’est-à-dire absolument démocratique), cette conjoncture navrante, désastreuse, catastrophique même, nous semble plaider en notre faveur – et on n’a même pas parlé d’« écologie ».

De la monnaie aux institutions politiques : tendance à la débureaucratisation


Dans les billets précédents1819 on a décrit une forme monétaire où l’impôt et le remboursement des crédits sont remplacés par une fonte monétaire dans le temps et à l’échange (le remboursement du crédit bancaire consiste déjà en une destruction monétaire dans le système actuel), et où l’avance monétaire (qu’il s’agisse d’« investissements » publics ou privés) procède par création monétaire souveraine unilatérale.

Ainsi qu’on l’a vu, le dispositif peut résister à la sédition monétaire et à l’inflation, grâce à des dispositions spécifiques et parce qu’il bonifie le rapport subjectif des citoyens économiques à l’argent.

Il réalise plus complètement une individualisation du rapport monétaire qui s’inscrit dans une trajectoire historique (les femmes n’ont pas attendu le synode de Mâcon pour avoir une âme, mais les Françaises mariées ont dû attendre 1965 pour avoir droit au chéquier). Sa faisabilité et son acceptabilité mêmes résultent d’une trajectoire historique d’abstraction de la monnaie.

Placer ainsi le souverain politique en position de décider seul de la création monétaire va nous valoir le reproche de réinventer la Gosbank. Et tout ce qui s’ensuit : Staline, goulag, mille millions de mille morts.

A institutions politiques inchangées cela est déjà très largement faux : comme indiqué dans les billets de présentation de la circulation, un équilibre possible est atteint avec 90 % de PIB de dépense publique, dont 60 points opérés par un versement aux personnes, au jour le jour, de manière automatisée. Un droit attaché à la personne, dirait ici Bernard Friot. Moins inconditionnel que son salaire à la qualification, mais plus universel en un sens.

La détention d’un contrat de travail privé se traduit par un abondement très significatif du salaire versé par l’employeur, également « versé » au jour le jour, de manière automatisée. De même, le traitement des fonctionnaires est « versé » en totalité selon les mêmes modalités. C’est également la même chose pour les retraites qui sont une continuation du salaire – c’est la même logique que le système de Bernard Friot. Ou des versements inconditionnels à l’enfant, à l’adolescent, au jeune adulte, lesquels n’ont plus besoin que d’un document d’état civil. Ou enfin des aides conditionnelles qui ne nécessitent que de remplir la condition individuelle (typiquement le handicap) pour être allouées.

Bref : pas de passage par les institutions politiques délibératives.

Ici on ne résiste pas à l’envie de faire le malin avec du Spinoza, mais c’est pour la bonne cause.

« A cause égale, nous aimons ou détestons plus une chose lorsque nous l’imaginons libre que lorsque nous la concevons déterminée. »

Ça n’a l’air de rien comme ça. Mais c’est toute la différence entre ce qui chez nous est automatique, donc que nous sommes enclins à voir comme contraint et déterminé, et ce qui est laissé au choix (à la discrétion) de quelqu’un qui nous apparaît libre d’accepter ou de refuser – ici le souverain politique émetteur de monnaie. Évidemment à l’époque de Spinoza, il n’y avait pas de virements automatiques, mais seulement des opérations de médiation sociale effectuées par des hommes qui pouvaient apparaître soit libres, soit déterminés aux yeux des citoyens susceptibles de bénéficier ou de pâtir de ces transactions sociales. Mais pour ce qui nous concerne, une autorisation sociale préalablement consentie, suivie d’une automatisation (au jour le jour) du « virement », protège le bénéficiaire d’une défaillance ou d’une malveillance humaine 20. Comme il s’agit ici du versement du revenu dont vous dépendez pour vivre, si quelqu’un vous le refusait d’une manière que vous trouvez injuste, vous lui en voudriez beaucoup. Si l’indignation (affect éprouvé au spectacle d’un tort injustement commis envers autrui) faisait contagion, tout le monde en aurait après celui qui a refusé, le souverain donc, et voudrait le renverser. Pas qu’on soit contre la révolution, d’ailleurs on la propose, mais une fois passée, on aimerait ne pas retomber la même gadoue.

Dans son Traité Politique, Spinoza nous avertit de ce qui résulte de l’exposition directe d’un souverain absolument discrétionnaire au grand nombre. Il cherche à se protéger : puisqu’on lui en laisse le choix, il va favoriser certains qui lui sont favorables plutôt que d’autres, et créer progressivement des cercles concentriques de pouvoir qui sont autant de protections contre ceux que sa discrétion mécontente. Au point de n’avoir plus autour de lui que des conseillers qui ne le contredisent jamais par peur d’être relégués, et la complaisance l’emportant sur l’honnêteté, que l’État coure à sa perte.

La politique spinoziste fournissait avec 300 ans d’avance une théorie générale de la bureaucratisation directement prête à l’emploi à disposition du léninisme et du trotskisme (il faudrait la développer plus complètement). Malheureusement, la redécouverte, la diffusion et le commentaire de ce Tractatus aura surtout lieu lors de la deuxième moitié du 20è siècle.

Si la décision d’être payé, et donc de pouvoir se reproduire matériellement dans l’existence, échappe très largement à cette fatalité, on se met déjà à l’abri de cette tendance pernicieuse.

A l’autre bout de la circulation, la fonte dans le temps remplaçant le paiement de l’impôt ou le remboursement des crédits, les citoyens et les autres agents économiques ne feront plus face à un banquier, ni à une administration fiscale : ils concevront ces opérations comme déterminées plutôt que de les imaginer libres, ils en seront moins attristés. Last but not least, la fonte opérant à l’échange, donc au moment du versement, le solde ne sera jamais crédité de ce qui a fondu, le bénéficiaire n’imaginera pas qu’on lui enlève quelque chose qui lui était dû, ni n’aura le temps de se désolvabiliser avant que passe l’administration fiscale.

Nous avons donc montré dans les billets précédents et ici de manière surabondante que ces institutions économiques incluent une tendance à la débureaucratisation.

Conjurer la capture


Néanmoins, dans notre exemple reste la part d’« investissement » de 30 % du PIB pour atteindre les 90 points de dépense publique (il s’agit toujours d’un subventionnement). Cette part, laissée à la discrétion du pouvoir politique séparé, nous expose donc à ce qu’il s’autonomise en privilégiant des catégories sociales particulières qui le soutiendraient, engendrant alors une capture par reproduction sociale. On pourrait s’accommoder de l’usage en conservant les institutions politiques actuelles. Mais comme on ne fait pas la révolution souvent, autant en profiter.

L’exercice d’ingénierie institutionnel qui suit répond à deux contraintes antagonistes : être anthropologiquement viable, contrer les effets de capture sociologique communs. Ici, on donnera le primat absolu au caractère démocratique et représentatif sur la compétence et l’expertise. La compétence et le savoir naissent dans des lieux autres, ils ont leur rythmes propres, un souverain démocratique présupposé ignorant sera enclin à consulter21 et à rendre les consultations publiques. Un souverain qui se croit désigné pour sa compétence sera moins enclin à le faire et se barricadera derrière des ceintures de flatteurs par le même mécanisme que décrit jusqu’à ne plus l’être, les intérêts à se maintenir l’emportant progressivement sur l’intérêt à être compétent. Cas pratique, France 2024 : jusqu’à ce que la ministre de l’écologie ait des intérêts financiers familiaux énormes placés dans l’industrie pétrolière.

Ces institutions spécifiquement politiques doivent en fait répondre à un jeu de qualificatifs : être démocratiques, subsidiaires, réticulaires et mésomorphes. Qualificatifs que nous devons aux travaux de Frédéric Lordon22, et qui mis ainsi bout-à-bout n’ont que cet inconvénient de n’être pas parfaitement orthogonaux : afin d’être démocratique le souverain politique doit avoir ces qualités.

Nous avons fait l’effort de lire l’œuvre de Spinoza dont Frédéric Lordon se revendique, pour notre plus grand bénéfice. Nous y avons retrouvé ce qu’il y avait déjà repéré, des clés essentielles permettant de procéder à une ingénierie politique réaliste et non utopiste23. On dit souvent un peu vite que le Traité Politique (TP) décrit des constitutions, mais c’est selon nous une erreur par approximation. Ce sont des méta-constitutions. Elles n’ont jamais été reprises en l’état et leur travail dans l’histoire procèdent autrement que les idées de Machiavel, placé directement dans l’ombre d’un souverain. Certes celles-ci eurent aussi une postérité intellectuelle, et d’ailleurs Spinoza témoignera sa dette envers Machiavel dans ses propres écrits.

Mais si Spinoza vient après, peut-être y a-t-il matière à penser qu’il a complété et bonifié les apports du célèbre Florentin. Ce qui est certain c’est que les propositions du citoyen Spinoza sont assorties d’une conceptualité politique extrêmement rafinée et sophistiquée. Elle est très repliée, c’est son dernier ouvrage. Il va lâcher les chevaux, et contrairement à l’Ethique ou au Traité Théologico Politique (TTP), il ne parle pour ainsi dire qu’à lui-même. La première lecture laisse un lecteur ordinaire parfaitement ignorant de ce qui se joue, il faut ensuite ingérer le commentaire contemporain.

Tombé dans marmite brutalement, on s’est mis à délirer des énoncés spinoziens à voix haute sans s’en rendre compte, de la même façon que Monsieur Jourdain les alexandrins, avant de réaliser ce qui passait en nous. Si on est charitable, on pourra lire notre proposition d’ensemble comme un modèle, un exemplar de souverain démocratique (absolu en tout), soit donc, comme une méta-constitution. Un modèle dont l’idéalité n’est qu’historique cependant – au sens où la probabilité qu’il soit mis en œuvre pourra sembler faible – mais non pas au sens de la viabilité anthropologique : il ne repose sur aucun idéalisme quant à la nature humaine : « voir les hommes tels qu’ils sont et non tels qu’on voudrait qu’ils fussent »24.

N’étant pas un savant, on ne va certainement pas se placer de plain-pied avec les grandes figures de la pensée politique dont est fait le surmoi des penseurs modernes et contemporains qui nous sont chers25. Et donc, au cas où on nous reprochait d’être idéaliste ou pédant nous répondrons qu’il s’agit seulement de la proposition politique d’un citoyen à l’adresse des autres citoyens, mise au débat sans trop d’illusions sur les structures sociales qui tantôt permettent tantôt interdisent la circulation d’une idée.

En tout cas nous auront fait notre devoir politique. Celui de dire à ceux qui s’arrêtent à la rupture et au socialisme, qu’il nous faut le communisme et la révolution, et qu’on doit donc aller plus loin et plus vite qu’ils ne le croient. Comme de dire à ceux qui réclament le communisme et la révolution, que ces choses là ne désignent pas exactement ce qu’ils imaginaient ou plutôt qu’on ne doit pas procéder exactement dans le même ordre qu’ils le pensent.

Il n’y a en tout cas pas d’étape de transition pour s’y rendre n’y avant le franchissement du col révolutionnaire, ni après26, et ce que nous proposons est au plan formel, un dernier terme. Ce sont des institutions mésomorphes, politiquement et économiquement, donc qui continuent de vivre et d’évoluer, la société n’arrêtant pas de changer. Elles sont notamment en permanence auto-constitutantes. Cette idée de dernier terme ne veut donc pas dire que l’histoire s’arrête, mais que ceci étant acquis, le mieux sera l’ennemi du bien, et qu’en sortir se fera pour le pire. En tout cas, telle est notre thèse. Ou alors, motion de synthèse radicale-révolutionnaire : c’est un programme de transition permanente.

La proposition complète comprend bien des institutions politiques et économiques qu’on ne peut séparer en pratique. En tant qu’on considère le tout comme un modèle, il révèle l’articulation de l’économique et du politique de manière chimiquement pure. Que l’on ait conservé les catégories classiques pour l’exposé n’enlèvera pas que le but de la manœuvre était aussi d’articuler leurs rapports spécifiques et de montrer, au moins par différence au modèle, pourquoi sous les institutions actuelles, collectivement, nous vivons mal. Surtout il était plus simple d’exposer l’ensemble en le découpant selon les catégories héritées (économique d’un côté, politique de l’autre) et toujours opérantes dans l’esprit des citoyens quels qu’aient étés les efforts du marxisme pour en critiquer l’hétéronomie.

Le déterminisme, l’indispensable marteau-pilon de l’ingénierie institutionnelle.


Une idée absolument centrale à la pensée de Spinoza, c’est de croire au déterminisme27 jusqu’au bout, et, en appliquant cette idée à la systématisation politique, de faire reposer la vertu des institutions politiques sur leur organisation et leur forme plutôt que sur la vertu individuelle des occupants particuliers du pouvoir. D’où une attention aux structures de pouvoir formelles et explicites, qu’on pourrait appeler la Potestas28, permettant d’induire des régimes affectifs soutenant une circulation de la Potentia (multitudinis) vertueuse.

En quoi consiste la vertu du souverain chez Spinoza ? Se conserver, durer, ne pas s’effondrer, persévérer dans son être. C’est-à-dire répondre à un critère de stabilité, à faire en sorte que les affects des citoyens ne tendent pas à vouloir le renverser. A cette constatation, on déclare souvent que Spinoza était un conservateur, un anti-révolutionnaire. D’une part ce n’est pas absolument certain — il était en tout cas plus progressiste que Hobbes —, et surtout, il ne se racontait pas d’histoires sur ce que signifie la traversée d’une crise maximale, paroxystique, pour un corps politique. C’est douloureux, psychiquement et physiquement, pour l’immense majorité, peut-être pour tous si cela va jusqu’à son terme. La guerre civile est probablement la pire de toutes : elle est éminemment, littéralement, fratricide. Est-ce donc à dire que Spinoza souhaitait un équilibre bas où la coercition l’emporterait sur les liberté individuelles ? Tout au contraire ! Le Traité Théologico-Politique l’atteste en prenant parti pour la liberté de philosopher (comprendre, pratiquer toutes les sciences) sans subir la critique, ou pire, la censure, des théologiens. Les propositions du Traité Politique également.

Spinoza tire sa monarchie vers quelque chose qui évoque pour nous une aristocratie. Tout est organisé pour qu’un roi même imbécile prenne les bonnes décisions et qu’elles soient ensuite exécutées convenablement29. Alexandre Matheron dégage génériquement ces fonctions consultatives et exécutives du souverain dans son analyse très pénétrante de l’œuvre, et montre comment Spinza les organise afin qu’elles soient convenablement opérées.

Les deux variantes que Spinoza propose de l’aristocratie mettent en œuvre cette qualité mésomorphe dans sa dimension la plus triviale : la rotation permanente des représentants. Cette rotation assure une continuité du pouvoir (les successions posent problème aux régimes monarchiques, et Spinoza affronte aussi cette difficulté en face dans le chapitre dédié) : un régime d’assemblée est pour ainsi dire éternel.

Comme il se doit, il y a deux catégories de citoyens dans son aristocratie : elle ne réalise pas l’égalité politique de tous, mais si on transpose la forme à la société de classe de la république bourgeoise, et qu’on regroupe les capitalistes au sens étroitement économique et la bourgeoisie dans différentes sphères où elle capture le pouvoir : les médias, la sphère spécifiquement politique, l’université, etc., alors notre sacro-sainte « démocratie » apparaît comme une magnifique aristocratie spinozienne (en phase de déclin ploutocratique, identitaire, diplomatique et même productif), mais dont les mécanismes de reproduction sociale sont implicites, déniés, et restent donc à dégager par le travail sociologique — tant qu’il reste des sociologues—, plutôt qu’assumés politiquement.

Après avoir décrit les deux variantes du régime aristocratique Spinoza meurt, au début du chapitre démocratie. Depuis : essor de la politique moderne, du capitalisme, et à nous le micro.

Spinoza est avant Montesquieu, la fétichisation de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire n’est pas un surmoi pour lui. Et nous lui donnons raison, dans le sens où le pouvoir est un. Aparté à l’attention de nos amis de la tradition révolutionnaire, la notion de double pouvoir est une erreur de nommage, elle désigne la migration de la Potentia mutitudinis du soutien à un agencement pré-révolutionnaire de la Potestas vers le soutien à un autre agencement, une agencement transitoire et instable. D’où notre définition de la révolution réussie : les institutions qui survivent au départ des révolutionnaires. La séparation montesquivaine30 nous semble vouée à demeurer un simulacre à quelque degré. On lui accorde volontiers la distinction théorique entre les fonctions, mais certainement pas leur décalque pratique direct en formes politiques, lesquelles nous semblent particulièrement nocives, pour ne pas dire pathogènes.

La séparation entre exécutif et législatif accuse notre époque31 : si l’exécutif émanait directement du parlement, sans extériorité, nous n’aurions pas attendu plus de deux mois pour disposer d’un gouvernement. Il n’y aurait jamais de vide exécutif. Notez que nous critiquerons ensuite la gouvernementalité de manière plus radicale ensuite.

Dans l’aristocratie spinozienne, il y a bien un sénat, sorte d’assemblée gardienne d’une forme embryonnaire de contrôle de constitutionnalité. Mais elle est pour ainsi dire croupion, le risque qu’elle prenne le pouvoir sur la grande assemblée représentative est pour ainsi dire nul : Spinoza règle la question en en fixant l’âge minimum d’entrée à 50 ans, un âge canonique en son époque d’épidémies (lui-même mourra à 45 ans, peu avoir écrit les pages associées) et en lui donnant un effectif dérisoire par rapport à l’assemblée réellement souveraine, son pouvoir n’est que véridictionnel.

Assemblées politiques communistes


La représentativité est calculée au prorata du nombre de citoyens sans distinction d’âge, mais la majorité politique est fixée à 16 ans.

On part de l’échelon communal en remontant et on va appliquer les mêmes ratios, que la constitution de l’an I : 1/200è.

En partant de 68 millions d’habitants, on obtient 340 000 élus communaux, et environ 1700 élus nationaux dans une grande Assemblée nationale qui avale l’actuelle Assemblée nationale, le Sénat, le Conseil constitutionnel, et le Conseil d’État. On ne peut pas être auto-constituant à moitié, le contrôle de constitutionnalité par les assemblées est déjà à l’œuvre, ce qui compte pour cette fonction, c’est d’être nombreux et de prendre le temps de débattre la loi pour qu’elle soit bien élaborée, au pire l’université fournira l’expertise juridique.

Certes on pioche dans les sortants des assemblés communales pour désigner ceux de l’Assemblée nationale, mais tous les citoyens votent, ce n’est pas comme les sénatoriales. Ce n’est pas un suffrage indirect, censitaires. Et on s’épargne ces attrape-couillon antidémocratiques que sont les primaires.

Durée des mandats : 4 ans. Les assemblées sont renouvelées par quart tous les ans.

Dans le livre, le calcul tombait sur 335 circonscriptions avec 4 députées chacune, soit un peu moins que le total de députés ci-dessus. Peu importe le chiffre exact, ce qui compte c’est la densité de la représentation politique et sa vitesse de rotation.

Pour les élections à l’Assemblée nationale, les communes sont groupées en circonscriptions afin que le nombre de candidats soit suffisant mais pas trop grand. Dans le livre on a peaufiné les détails, les amateurs de maniaquerie compulsive s’y reporteront avec joie, il y a une erreur minuscule à un endroit, toute notre considération à qui la trouvera.

Le mode de scrutin est assez radical (pardon, mais vous avez tenu jusqu’ici), il vise à contrer toutes les captures sociologiques, dont celles de genre. Mieux que la proportionnelle de listes par départements. Tous les inscrits sont réputés candidats. Le bulletin de vote de premier tour permet de faire figurer un homme et un nom de femme (et la liberté de genre est évidemment reconnue). Tout nom qui totalise 3 voix atteint le deuxième tour, lequel est effectué par tirage au sort.

Ici on nous dira que nous abolissons les partis, mais cela est faux. Pour faire connaître les voix de tous les citoyens, le dispositif nécessitera au contraire que la vie partisane se renforce, et ce dès l’échelon local. Les partis ne pourront plus reconduire la capture bourgeoise par pré-filtrage des candidats (bye-bye les primaires), car le seuil bas les privera de pouvoir le faire. Leur rôle sera au contraire de faire connaître des visages, et de faire tourner la parole, et comme personne ne pourra le faire à leur place, il y aura des partis d’ancrage local, partout.

La circonscription fondée a un rôle électoral ascendant et un rôle exécutif descendant, et remplace en ce sens l’échelon départemental promu par Intérêt général. En outre la libre association des communes radicalise leur proposition32.

Institutions mésomorphes


Qualité mésomorphe de la matière institutionnelle33, késako ? Comme les cristaux liquides, une matière qui est simultanément dans deux états (deux phases) : ici liquide et solide. Les institutions mésomorphes tentent de conjurer l’ossification, l’enlisement, la capture (bourgeoise notamment).

Elle ne sont pas non plus une pure indistinction, qui produirait au niveau institutionnel l’équivalent de ce que Deleuze et Guattari appellent un corps sans organes34, l’équivalent d’un sac de sable pas nécessairement comlètement homogène mais dont tout cloisonnement interne serait absent.

Concrètement, dans le dispositif, les communes peuvent déplacer leur limite d’un bureau de vote (entendre le quartier couvert par un bureau de vote) dans un sens ou dans l’autre, et les circonscriptions d’une commune dans un sens ou dans l’autre. Une fois par an maximum, évidemment en votant. On peut se scinder ou s’unir (il y a des seuils raisonnés de taille).

On a même radicalisé le design jusqu’à faire tourner la capitale (au sens du lieu de réunion de l’Assemblée nationale) entre les grandes villes du pays d’année en année, sur 16 ans. Cela afin d’aider les journalistes politiques à ne pas rester coincés sur leur balcon à ne rien voir jusqu’à ce que les fourches les délogent, et stimuler l’aménagement du territoire. Il fut un temps où le souverain était itinérant, aussi pourquoi pas ? Évidemment c’est à la carte, mais comme on ne fait pas la révolution souvent...

On ne peut pas tout dire et voyez que ce soucis nous ronge un peu (ayez pitié de nous). Ajoutons simplement que ce mode de désignation redescend aussi dans les administrations placées sous le souverain politique.

Il s’impose la parité stricte, et la fait redescendre dans les institutions publiques qu’il dirige. Par le dispositif d’abondement du salaire (dans sa composante de symétrie des pyramides salariales et dans celle d’une constitution politique interne), l’ensemble impose l’égalité politique des genres partout où il y a des décisions à prendre. Si on y ajoute l’individualisation du rapport monétaire (y compris dans le couple), et la durée du travail, ces institutions sont porteuses d’un féminisme radical. Et matérialiste : qui ne se paie pas de mots ni de slogans.

Décision productive : pouvoir exécutif en communisme


Même si la sphère productive privée reste bien privée (et en général sous le régime associatif, c’est-à-dire ré-communal), nombre de décisions productives d’initiative privée viennent devant le souverain, soit par besoin de financement soit parce que le souverain lui-même veut initier, stimuler ou réagencer une production privée donnée. On voudrait ici forger le concept de souverain productif, transparent dans sa désignation, mais qui nécessite d’être déclaré officiellement, l’expression n’étant pas naturelle. Ce sera au moins l’occasion de rappeler que ce souverain est distribué entre différentes structures et différents échelons, ce n’est pas le roi, le président (il n’y en a plus), ni même la seule Assemblée nationale, mais le maillage des assemblées.

Les assemblées ont pour rôle de délibérer de toutes les questions productives, et c’est un rôle qui relève de la fonction exécutive. C’est une temporalité plus immédiate que l’élaboration de la loi (même si un subventionnement est susceptible d’être étalé dans le temps).

On pourrait immédiatement assigner la décision productive à la catégorie « exécutive », parce qu’elle ne relève manifestement pas de la fonction « législative » par réflexe mental, mais en deçà des catégories spontanées, il faut se rappeler que nous pensons le souverain comme corps structural, c’est-à-dire comme rapport précis de vitesse et de lenteur, de repos et de mouvement entre parties, et que c’est sur ce critère que nous fondons la distinctions entre les catégories. Cela est très important de le rappeler parce que la notion même de « loi de finance » pourrait avoir tendance à disparaître, ou du moins à s’affadir pour devenir également une décision exécutive de financement. Il y aurait aussi une inscription, un archivage de la décision, mais pas comparable à celui de La Loi, celle qu’on grave dans le marbre et qui dure plus d’un an. Le PLFSS (Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale), et sa version Rectificative qui a permis de nous voler deux années de vie libre par 49-3, n’ont pas toujours eu une telle importance, quand ils ont existé. Avant ce sont les partenaires sociaux qui décidaient.

On doit reparler ici des forces de coercicion descendantes qui s’appliquent sur l’émission monétaire. On avait indiqué dans la présentation de la circulation que l’échelon local était tenu de respecter non pas une limite de vitesse d’émission monétaire absolue (même rapportée à sa population), mais était bridée par sa contribution à la balance extérieure des paiements. Pour simplifier on avait dit que c’était l’échelon communal, mais ce sera en fait celui de la circonscription qui va s’appliquer pour des raisons évidentes d’échelle. Voici un extrait du livre qui rend compte de notre style un peu formel et de la rigueur à tous les sens du terme que nous mettons à ce sujet.

Parmi tous les moyens dont dispose l’Assemblée nationale afin de contraindre une commune ne figure pas l’amende pécuniaire, chacune étant libre d’émettre la monnaie nationale. En revanche, elle peut appliquer d’autres mesures coercitives de force graduée, l’effectivité des plus dures tenant aussi dans la crainte qu’elles suscitent avant même que l’on y ait eu recours : la dégradation de son taux de change relatif, le subventionnement d’industries concurrentes aux siennes dans d’autres communes, le tarissement partiel et réversible de ses circulations économiques, puis la dégradation progressive de ses axes de communication avec l’extérieur, la déconnexion de ses banques du réseau bancaire national, soit l’anéantissement réversible de sa souveraineté économique, puis, dans une variante plus difficile à défaire, la destruction physique de ses établissements bancaires par la force armée des autres communes coalisées et enfin, sa destruction complète par les mêmes moyens.

Critique de la gouvernementalité


C’est un concept délibérément péjoratif qu’on doit à Michel Foucault, et que Gilles Deleuze fera sien, en déclarant par exemple qu’il n’existe rien comme un gouvernement de gauche. En institutionalisant la justice sociale, en l’imposant par des structures et des automatismes quasi machiniques, on pourrait dire qu’on fait nôtre un tel pessimisme. Et à vrai dire, ces derniers temps, un gouvernement effectivement de gauche réellement existant, ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval. D’où le communisme comme institutionalisation de la justice sociale et de forces qui empêchent la séparation et l’autonomisation du pouvoir.

Notre critique pratique de la gouvernementalité consiste à mettre les assemblées en situation non pas d’imposition exclusivement par le haut d’un programme prédéfini (l’idée de mandat impératif qu’elle appelle immédiatement nous semble parfaitement détestable ; c’est d’ailleurs un indice : si les citoyens aspirent au mandat impératif, c’est que les institutions sont mal configurées), mais d’écoute à la remontée continue de désirs sociaux, productifs, etc. émanant de la société. Sous les institutions actuelles, on ne met jamais au point de grands programmes communs de gauche que parce que le pouvoir est capturé et la justice sociale confisquée.

On pourrait se limiter à désigner les membres d’un gouvernement, au sens classique du terme, parmi les députés. En tout cas c’est une solution qui ne perturbe pas l’Affect commun tel qu’il est actuellement configuré en cette matière : les citoyens s’inquiètent de n’avoir pas de gouvernement, et telles que les services publics français sont organisés, c’est une inquiétude légitime.

Mais si vous avez tenu, jusqu’ici, vous savez déjà que vous en aurez pour votre argent. La direction de chaque commission parlementaire (collégiale) fournit le ministre associé. Exemple : la commission des lois dirige le ministère de la justice. Et le rôle du ministre consiste seulement à garantir la bonne tenue des débats, à faire reconnaître les résultat des scrutins et à s’assurer que les décisions exécutives soient transmises aux administrations pertinentes. La décision est ascendante et redsent aussitôt, elle traverse juste le sommet de l’organisation. Et cela vaut jusqu’à la présidence de l’Assemblée nationale, laquelle se substitue désormais à la Présidence de la “République”. Ce mot est si galvaudé que son utilisation poltique, hors du champ académique donc, nous semble irrémédiablement vouée à se transformer en son contraire. Pour rester républicaines, les institutions politiques du communisme ont peut-être intérêt à ne pas se déclarer telles.

Nous aurions encore maintes choses à ajouter, mais autant terminer ce billet sur cette étrange apothéose.

1https://fgeerolf.com/IPC-ou-IPCH.pdf

2https://x.com/SpencerHakimian/status/1832771967746822301

3https://x.com/mclucal/status/1832758117966237756

4https://x.com/Rexecode/status/1833515688150831197

5https://www.journaldunet.com/business/1533163-deficit-public-la-france-negocie-un-delai-avec-l-union-europeenne/

6https://x.com/sebtixier/status/1838139849074778524

7https://www.ccomptes.fr/fr/documents/65356 et https://www.vie-publique.fr/eclairage/289629-aides-publiques-aux-entreprises-un-etat-des-lieux

8https://x.com/i/bookmarks?post_id=1834097896989274298 https://x.com/franceinfo/status/1834084611682406606

9https://x.com/paul_denton/status/1834121901544751593

10https://x.com/LCI/status/1833238300464718322

11https://x.com/achabus/status/1833631966849331395

12https://www.revolutionpermanente.fr/Nouvelle-frappe-israelienne-au-sud-Liban-l-offensive-meurtriere-de-Tsahal-se-poursuit?var_mode=calcul

13https://x.com/Franck_tayelore/status/1833540459529908662

14https://www.arretsurimages.net/chroniques/obsessions/selfinocide-a-gaza

15https://www.lefigaro.fr/international/la-cia-a-finance-douze-bases-ukrainiennes-a-proximite-de-la-frontiere-russe-revele-le-new-york-times-20240226

16https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2014/03/21/la-revolution-c-est-son-rayon_4386485_4497186.html

17https://www.monde-diplomatique.fr/2018/12/RIMBERT/59364

18https://revolutioncommuniste.blogspot.com/2024/08/circulation-monetaire-communiste.html

19https://revolutioncommuniste.blogspot.com/2024/09/circulation-monetaire-communiste-suite.html

20Et ici à nouveau, ne pas confondre la confiance hiérarchique et la confiance méthodique, le système bancaire doit être fiable techniquement, c’est un autre sujet. Orléan & Aglietta, La monnaie entre violence et confiance, Odile Jacob, 2002, p104.

21Même dans la commande directe aux institutions académiques par le souverain politique, on doit être extrêmement prudent, en se rappelant la discipline que s’imposait Pierre Bourdieu dans ce cas : tenter d’avoir toujours une étude d’avance sur la commande politique afin que la recherche garde les coudées franches et ne soit pas trop dirigée vers les fins ou les conclusions attendues par le commanditaire.

22Imperium, Structures et affects des corps politiques (La Fabrique, 2015), Vivre sans ? (La Fabrique, 2018)

23Traité Politique (TP) I

24Tout court. Lordon ajoute : mais sans s’interdire de les imaginer tels qu’ils pourraient être. Mais pas pour nous. En un sens, le meilleur collectif que nous proposons, de production strictement institutionnelle, ne change pas l’homme, son régime de haines et de joies s’investissant dans d’autres objets. Il ne fera pas régner une météo affective plus ensoleillée, même en moyenne, sinon en nous permettant peut-être d’échapper à la catastrophe éco-logique. Mais même pas : tout simplement nous n’y penserons plus et investirons nos affects dans d’autres objets. L’étendue de palette affective collective des hommes est invariante en longue période : elle est incapable de s’étendre suffisamment devant des menaces existentielles, elle ne se contractera pas devant leur résorption. Les palettes affectives individuelles, c’est autre chose.

25 On ne redira jamais assez le bien qu’on pense de l’inscription de Stefano Palombarini dans la tradition qui par de Bates, passe par Gramsci pour remonter à Machiavel.

26 On radicalise la position de Lordon ici : https://blog.mondediplo.net/transition-dans-la-transition

27 La querelle du déterminisme en sciences sociales : un point de vue spinoziste, Frédéric Lordon, in Spinoza et les passions du social, Amsterdam 2019

28 Frédéric Lordon, Imperium Structures et Affects des corps politiques. La Fabrique 2015.

29 Au chapitre VI dudit traité Spinoza dénonce des monarchies où ce glissement se produit, mais de manière déniée, de sorte que les fonctions consultatives, délibératives et exécutives sont mal exécutées, soit un fonctionnement vicié du pouvoir, et même pathogène : tendant à la crise.

30 C’est un gentilé, mais nous ne connaissons pas l’adjectif pour le penseur français. Puis on l’est un peu.

31

32 https://interetgeneral.net/notes/de-la-libre-association-des-communes-et-de-leur-contribution-a-la-bifurcation-ecologique-c7ZjjufjQgSKnZExcCjgCQ

33 Frédéric Lordon, Vivre sans ? La Fabrique.

34 Milles plateaux, éditions de minuit, se faire un corps sans organes

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